dimanche 2 septembre 2007

Hôpitaux prisons: les moyens ont été débloqués, assure Rachida Dati


Marcel Antonisse AFP ¦ La ministre de la Justice Rachida Dati lors de sa visite au centre Kijvelanden, près de Rotterdam, le 31 août 2007


La ministre de la Justice Rachida Dati a assuré vendredi que les moyens pour créer des hôpitaux prisons, notamment pour les pédophiles risquant de récidiver, étaient débloqués, à l'occasion de la visite d'une structure similaire aux Pays-Bas.

"S'agissant des moyens : les moyens ont été débloqués", a-t-elle dit en rencontrant la presse à l'isssue d'un déjeuner de travail avec son homologue néerlandais Hirsh Ballin à La Haye.

"En France, il y a 60.000 détenus. 8.000 d'entre eux sont des délinquants sexuels (...) une centaine d'entre eux sont très dangereux", a ensuite expliqué à Rotterdam (sud-ouest) la ministre à l'issue d'une visite de l'un des 12 hôpitaux prisons, connus sous le nom de centres TBS (ter berschikkingstelling, littéralement centre de "mise à disposition" du gouvernement).

En France, le premier hôpital fermé réservé aux pédophiles jugés dangereux à la fin de leur peine devrait ouvrir en 2009 à Lyon et compter une quarantaine de lits, a rappelé Mme Dati.

Mme Dati s'est également dite intéressée par la possibilité aux Pays-Bas de de prononcer la culpabilité et aussi l'irresponsabilité d'un criminel.

Le système judiciaire néerlandais permet à un juge de déclarer totalement ou partiellement irresponsable un condamné. Le juge peut aussi ordonner son internement en TBS à l'issue ou à la place d'une peine de prison tant qu'il risque de récidiver.

A propos du coût de fonctionnement de tels établissements, 450 euros par jour, soit trois fois plus que celui d'une prison ordinaire néerlandaise, la Garde des Sceaux a demandé rhétoriquement : "qu'est ce qui coûte le moins cher? Est-ce de protéger un mineur?"

"Si la justice ne donne pas comme priorité de protéger les citoyens et en particulier de protéger les mineurs, c'est qu'on a pas compris ce qu'attendaient les Français", a-t-elle ajouté.

Mme Dati, qui avait comme guide la secrétaire d'Etat néerlandaise à la Justice Nebahat Albayrak, a souligné le succès des centres TBS, qui accueillent quelque 1.600 personnes : 15% de récidive après un séjour de 6 ans en TBS, contre 50 à 60% de récidive pour les condamnés quittant la prison.

Le centre Kijvelanden, qui accueille 165 hommes, est organisé comme un véritable hôpital psychiatrique. Les "patients", comme on les y appelle, participent à différents ateliers (bois, musique etc), suivent des thérapies de groupe ou individuelles et rencontrent leur psychiatre au moins une fois par semaine.

Mais la nuit ils sont enfermés derrière des portes électroniquement verrouillées.

Organisé "dans l'objectif d'aider le patient à se réinsérer dans la société, mais tout d'abord pour protéger la société contre le risque de récidive", le traitement procède par phases vers une possible remise en liberté.

Une médication forcée peut intervenir "si le malade constitue un danger pour son entourage, mais cela se fait de façon très réglementée", a expliqué à l'AFP un psychiatre préférant l'anonymat.

Environ un tiers des internés sont des criminels sexuels. On y trouve aussi des psychotiques ou des personnes souffrant de troubles du comportement, comme les pyromanes.

Le système néerlandais a environ 160 cas de "long-séjour", chez qui les traitements ont échoué et qui ne retrouveront sans doute jamais la liberté.

"Il y a là un mélange inquiétant (...) soit une personne est responsable sur le plan pénal, elle purge alors sa peine et doit ensuite être remise en liberté, soit elle est malade et doit être soignée. Sa libération ne doit alors être décidée que par des médecins, avec la possibilité de contester leur décision devant un juge", a estimé Naima Rudloff, du syndicat FO Magistrats, qui accompagnait la ministre.

Marcel Antonisse AFP ¦ La ministre de la Justice Rachida Dati lors de sa visite au centre Kijvelanden, près de Rotterdam, le 31 août 2007



© 2007 AFP


20Minutes.fr avec AFP, éditions du 31/08/2007 - 19h32

dernière mise à jour : 02/09/2007 - 09h47






http://www.20minutes.fr/article/177675/France-Hopitaux-prisons-les-moyens-ont-ete-debloques-assure-Rachida-Dati.php

Aucun commentaire: